Le week-end dernier nous sommes allés tester le parc National des Smoky Mountains, le parc le plus visité d'Amérique paraît-il.

Voici mon compte-rendu, parfaitement objectif et exhaustif.

Nous, enthousiastes et prêts à découvrir les merveilles du parc :

Alors, le parc des Smoky Mountains est très beau à visiter.... en voiture !

Les vues depuis la route sont superbes mais tu peux marcher 4 heures (comme nous le fîmes le premier jour) ou 3 heures (comme nous le fîmes le second jour) ou 1.5 heures (comme nous le fîmes le dernier jour... oui, j'étais fatiguée le dernier jour...) tu ne vois aucune de ces splendides vues.

Tu restes enfermé dans la forêt, qui est belle, certes, mais pas assez pour faire oublier les difficultés inhérentes à la randonnée : souffle court, mal aux fesses, mouches et moustiques attaquant tes parties charnues, etc...

La présence pernicieuse d'un gué à traverser au risque de faire choir tout mon matériel photo dans l'eau a eu raison, le dernier jour, de mes nerfs, et je pense donc que les Smoky Mountains ne seront pas une destination où nous emmènerons nos invités en week-end.

Le Gué pernicieux et le Camille (sans cheveux mais) valeureux :

Mais ne soyons pas ingrat, il y a aussi eu de chouettes moments dans ce week end : nos nuits dans des Vrais Motels Americains, avec la voiture garée devant et tout et tout.

La visite de Cherokee, LA ville des Indiens Cherokees, une ville-rue aux accents de station de sport d'hiver dans laquelle tu remplaces les magasins de fromage/charcut et locations de skis par des boutiques de tomahawks, mocassins indiens et une étrange et malheureusement non elucidée "Frog-Jam".

Si, comme Camille et moi nous targuons de l'être, tu es un touriste curieux de la culture de tes congénères humains de ce coté-ci de l'Atlantique, tu visites aussi à Cherokee le musée des Indiens Cherokee et là, tu apprends que les Westerns, côté réalité historique c'est pas ça...

Les Cherokees, qui ne vivaient pas dans des tipis, avaient aussi des sportifs adulés et sur-payés, prenaient de la caféine pour rester éveillés lors des soirées, jouaient à la Crosse, refusaient le droit héréditaire de gouverner et repectaient une forme de parité dans les responsabilités de la tribu, se sont tout bonnement fait virer de chez eux, le plus souvent manu militari par de charmants colons puis ensuite par les descendants de ces derniers, devenus Américains. Une visite édifiante et terrible à la fois.

Au chapitre des moments forts de ce week end, il y a eu aussi LA rencontre avec la faune locale des Smoky. Nous partions pour voir des ours, des coyottes et des ratons-laveurs. Ils étaient tous partis en week end au bord de la mer mais en revanche nous avons vu l'Elk.

La sonorité te fait penser à Alf, la bête poilue de la série Américaine des années 80 ? Y'a de ça pour la couleur du pelage. Pour le reste imagine plutôt un croisement entre une vache, un cerf et Hannibal Lecter pour le petit regard assassin de ce faussement placide ruminant...

J'étais seule, à un des nombreux points de vues jalonant la route qui mène au camping, je prenais des photos du coucher de soleil sur les Smoky Mountains.

Les autres photographes enthousiastes étaient déjà partis car le soleil s'était caché derrière les anciennes montagnes sacrées du peuple Cherokee, mais la lumière était encore belle alors je restais. Camille était resté au camping.

J'étais en train de me demander comment rendre l'atmosphère de ce panorama (pause longue avec le pied ? surexposer un peu le premier plan ? dilemme...) quand tout à coup j'entends quelque chose s'approcher de moi. Je me retourne, l'Elk était là, en train de traverser placidement le parking.

Il s'approchait de moi. Ma nature vaillante de future reporter du National Geogaphic l'emportant, je pris quelques clichés puis ma nature tout court reprenant le dessus, je me rapprochai subtilement mais sûrement du havre de sécurité que représentait mon véhicule, le tout à reculons bien sur, car comme tous les cowboys le savent, on ne tourne jamais le dos à un Elk.

L'Elk, appréciant sans doute ma discrétion et ma propension à lui laisser ce qu'il semblait considérer comme son "chez-lui" vide de toute présence inopportune, changea de direction à 5 mètres de moi et partit dans les fourrés vaquer à ses occupations d'Elk. Je repris donc, rassurée, mon poste et mon dilemme de pause longue ou pas pause longe....

C'est alors que j'entendis à nouveau du bruit dans les fourrés, à quelques mètres de moi. l'Elk était de retour.

La disposition topographique des protagonistes (l'Elk, moi, la voiture) avait, malheureusement pour moi, changé entre temps car l'Elk se trouvait désormais entre moi et ma bien-aimée Yaris. Et l'Elk avancait.. Encore quelques pas et il me bloquerait complètement le chemin de la voiture... Que faire... je tentai une marche légèrement incurvée afin de maintenir la distance de securité entre la bête et moi, l'Elk continua à avancer, la lueur assassine que je mentionnais précédemment dans le regard. Je tentai une petite prise de vitesse, et courrus vers ma voiture ERREUR !! Sache-le, courrir énerve l'Elk, et quand l'Elk est énervé, il court aussi, dans ta direction... Retour au pas, et après ce qui m'a paru une éternité je réussis finalement à rejoindre ma voiture dans laquelle je m'engouffrai. Je décidai que le coucher de soleil était bien terminé et que les photos ne rendraient plus rien maintenant et je rentrai au camping.

Pour les sarcastiques moqueurs, que j'entends déjà ricaner que j'ai eu peur d'une vache, je vous arrête tout de suite. L'Elk a disparu du parc des Smoky Mountains au 18 ème siecle, il a été réintroduit depuis une dizaine d'années. On comprend aisément qu'il soit un peu susceptible en ce qui concerne son territoire non ? La fiche signalétique distribuée a l'entrée du parc t'apprend aussi que sous ses airs de gentille bêbête, cet animal est aggressif et qu'il ne faut absolument pas s'en approcher. Les Rangers le disent. Moi je les crois......

Chassons l'Ourson aux Smoky.....

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